15 octobre 2019
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São Paulo- L’ex-président Luiz Inácio Lula da Silva a concédé pour la première fois un entretien à un moyen de communication du Portugal. Pendant la discussion avec le journaliste Ricardo Dentinho, de la chaîne de TV publique RTP, en prime time (21h à Lisbonne), Lula a réaffirmé son objectif du moment. « Je suis ici en train d’essayer de montrer au Brésil et au monde la manière dont se donnent les nouveaux coups d’état dans l’Amérique Latine du 21ème siècle. Différemment du siècle dernier, maintenant on utilise le système judiciaire et les institutions publiques pour pouvoir condamner une personne. J’essaye d’apporter ma version sur les mensonges racontés sur Lula. »

Lula a été interrogé sur la possibilité d’aller vers le régime semi-ouvert, sur la demande du propre Ministère Public. Sa défense a rejeté, par question de principes. Lula dit: « Le caractère ça ne se trouve pas en supermarchés. Ça ne se trouve pas dans les free-shops. Je veux ma pleine liberté, mon certificat d’innocence. Celui qui devrait être en prison est celui qui a raconté ces mensonges sur moi. Il y a des enquêtes mensongères, des accusations publiques mensongères et une condamnation mensongère ».

Il compléta en disant : « Les mêmes personnes qui ont raconté ces mensonges demandent à ce que j’aille chez moi avec ce « cadeau » de l’évolution de peine. Mais ce n’est pas ce que je veux, je veux un jugement de fond de mon procès. Point final. »

Répondant à une question sur les conséquences personnelles de son emprisonnement, Lula a rappelé qu’il lui fut refusé le droit de veiller le corps de son frère. « Quand vous commettez un crime et vous vous sentez coupable, vous implorez l’évolution de peine car vous voulez aller chez vous. Quand la personne est innocente, elle a besoin d’un jugement équitable. Comme je pense que Moro a menti, que Dallagnol a menti, je veux un jugement équitable. »

L’ex-président a révélé ne pas avoir été surpris par les révélations du scandale connu comme le « Vaza-Jato » (NdT : « Fuite Express » en analogie avec Lavage Express), menées par le portail de presse The Intercept Brasil. Il a dit : « Il y a 4 personnes qui savent la vérité dans ce pays : Dieu sait que je suis innocent, moi je le sais, Moro et Dallagnol aussi (…) Alors, je ne demande aucune faveur. Je ne veux qu’un jugement équitable. S’ils prouvent que j’ai commis des délits, alors je me tais et je fais ma peine ».

Collusion
En dénonçant une collusion qui l’aurait jeté en prison, Lula a donné un nom aux acteurs responsables. Il dit : « Le juge, le procureur, les délégués et la presse. La presse a beaucoup de culpabilité dans la désintégration des organisations politiques et de la haine établie au Brésil. La presse a fabriqué une idole d’argile. La Police Fédérale, le Ministère Public et le Judiciaire ont travaillé comme services de presse. La une des journaux était divulguée par eux avant que la défense ne reçoive les informations. »

Lula a défié ces responsables : » Ils peuvent me démoraliser, il n’ont qu’à présenter une preuve. Après avoir décortiqué ma vie pendant des années, m’avoir soumis à la justice sans mandat, avoir pris des objets de mes enfants, avoir envahi ma maison; le procureur, en présentant un Powerpoint à la presse a dit « Ne me demandez pas de preuves, tout ce que j’ai n’est qu’une conviction. »

Intérêts
L’ex-président a dit être convaincu que son emprisonnement répond à des questions politiques locales et géopolitiques. « Tout est arrivé à cause d’intérêts nord-américains après la plus grande découverte de pétrole du siècle, le pré-sal. Ça s’est passé au nom du Département de Justice des Etats-Unis, en accord avec le Ministère Public du Brésil. Ça s’est passé parce que j’allais être élu président. »

Ce fait, pour Lula, retire la légitimité du processus électoral de l’année dernière qui a amené à la présidence Jair Bolsonaro, un politicien d’extrême-droite. « Le candidat qui aurait pu gagner n’a pas pu participer. J’aurais pu gagner au premier tour, c’est pour cela qu’ils ne m’ont pas laissé me candidater. L’objectif, après le coup, était d’empêcher le PT de revenir au gouvernement »

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Rede Brasil Atual | Traduit par Marc Cabioch.